Charles-Joseph Pasquier, dit Bach, naît le 9 novembre 1882 au Fontanil-Cornillon.
Petit, le corps enfoncé dans un uniforme trop grand, la barbe rare, avec une voix mince, aigrelette même, Bach, comme tant d’autres, aurait pu passer inaperçu mais voilà : son rire est communicatif et son jeu est d’une grande finesse. De plus, il a ce don unique des grands comiques : celui de paraître moins intelligent que le moins intelligent de ses auditeurs.
Il commence sa carrière d’artiste en 1899, sur la scène des Variétés, à Montluçon (Creuse – 23).
On le sait au Casino de Grenoble en 1901, à Nice, Aix-les-Bains, Rouen, Lyon, en 1902, à Nîmes, Montpellier, Avignon, en 1903, au Chanteclair entre 1909 et 1911 (il a alors 27, 28 ans), au Libre Échange, en 1911 et puis à l’Eldorado à partir de 1913. Il y chante alors les chansons du soldat malgré lui : « Avec Bidasse », « La Caissière du Grand Café » et ces autres succès que, ou lui, ou Polin créèrent de mois en mois, d’années en années.
Il rencontre un grand succès avec la chanson « Quand Madelon« , adoptée par les poilus dans les tranchées, puis érigée en symbole.
Après la guerre, il se tourne vers la revue. Il est aux Folies Bergère, entre 1919 et 1924 (où il en mène pas moins de sept), à la Gaîté-Rochechouart en 1927, au Casino de Paris en 1929, avec Harry Pilcer et Marie Dubas (dans la revue Paris qui charme), à l’Éden-Concert entre 1929 et 1933 mais plus en comédien-chanteur que chanteur.
A partir de 1927, il fait équipe avec Henry Laverne pour monter des sketches – qu’ils jouent devant un rideau ou avec un décor minime. Les titres en disent longs sur leur contenu : « À la poste », « Au bureau des naissances », « Au cinéma » ; « Chez l’apothicaire », « [Chez] l’avocat », « Le boucher », « Le chapelier », « Le coiffeur, « Le contrôleur des contributions », « Le costumier », « Le juge », « Le peintre », « Le percepteur », « Le photographe »… « En chemin de fer », « Réunion électorale », « Les travailleurs du chapeau« , etc. D’un de ces sketches, Tout va bien (1931), Paul Misraki s’inspirera pour écrire sa chanson : « Tout va très bien, Madame la Marquise » et le grand Fernand Raynaud n’hésitera pas à leur emprunter leur « Toto, mange ta soupe« .
Bach et Laverne enregistrent plus de 150 sketches entre 1928 et 1938. Le plus connu aujourd’hui est sans doute « Z’allo ! Z’allo ! ».
Entre 1930 et 1947, il tourne dans dix-neuf films dont treize sous la direction d’Henry Wulschleger, son ami, qui sera non seulement son réalisateur attitré mais qui ne tournera rien d’autre sans lui jusqu’à sa disparition en 1939. Auparavant Wulschleger avait été, entre autres, coréalisateur de Cavalcanti dans le dernier film muet de ce dernier, Capitaine Fracasse (1929).
Le premier film dans lequel Bach apparaît sur le grand écran, en 1930, est réalisé par Joe Francis et Jean Toulout et s’intitule Le Tampon du capiston. Bach y joue le personnage de Cochu aux côtés de son compère d’alors, Henry Laverne (capitaine Reverchon) mais aussi en compagnie d’Hélène Hallier (Yvonne) et de Charles Prince (Maître Pouponnet).
La même année, il tourne son premier grand film sous la direction de Wulschleger, La prison en folie, avec Suzanne Dehelly et Noël-Noël.
En 1931, il est dans une pièce d’André Heuzé et de Pierre Weber, En bordée, filmée par Wulschleger, avec Suzette Comte, Teddy Parent et Sim Viva.
Puis c’est L’affaire Blaireau d’après Alphonse Allais. – Wulschleger toujours. Bach en Blaireau (qui d’autre ?) ; Alice Tissot en Mademoiselle de Hautperthuis ; Charles Montel en Taupin et Renée Veller en Mademoiselle de Charville
En 1932, c’est L’enfant de ma sœur avec Antonin Artaud qui, contrairement à la légende, n’a pas tourné que dans des films noirs.
La même année, il est de la distribution du Champion du régiment avec Raymond Aimos. – Scénario de Fernand Beisser et de Jacques Bousquet.
En 1933, Tire au flanc avec une toute jeune Simone Simon puis dans Bach millionnaire.
En 1934, d’après Courteline, il est le Guillaumette du Train de huit heures quarante-sept ; avec Charpin en Hurluret, Chepfer en officier alsacien et Fernandel en Croquebol.
Au côté d’Antonin Artaud, encore, la même année : Sidomie Panache (avec Florelle et Monique Bert).
En 1935, Bout de chou, aux côtés de Pierre Brasseur et de Tania Fédor puis dans Debout là-dedans !
En 1936 il est dans Bach détective (dirigé cette fois-là par René Pujol)
En 1937 dans Le Cantinier de la coloniale aux côtés de Saturnin Fabre.
En 1938 dans Gargousse (avec Saturnin Fabre, à nouveau) et puis dans Mon curé chez les riches (dirigé par Jean Boyer, le fils de Lucien Boyer, ce dernier étant l’auteur de « La Madelon de la Victoire »).
En 1939 dans Le Chasseur de chez Maxim’s de Maurice Cammage et dans Bach en correctionnelle.
Il disparaît au cours de la Guerre puis revient, à 65 ans, dans Le charcutier de Machonville de Vicky Ivernel (1947) et, pour son ultime rôle, dans Le Martyr de Bougival de Jean Loubignac, d’après la pièce de Jean Guitton, Et la police n’en savait rien.
Il remonte sur scène en 1948 puis en 1950. Une cécité temporaire l’empêche de continuer. Il écrit, se repose et décide finalement de prendre sa retraite non sans faire une ultime tournée en 1952 et se joindre à la distribution du Martyr de Bougival, troupe d’Henri Ménager, en 1953. C’est d’ailleurs au cours de cette tournée qu’il meurt, d’une angine de poitrine, à Nogent-le-Rotrou, le 24 novembre 1953.
Bach est inhumé au cimetière du Fontanil-Cornillon, dans le village où il est né.